Balade au "Garden of Delights", nouvel album de Sisterhood Project
Une musique envoûtante, une photographie captivante, Sisterhood Project ensorcelle ceux qui répondent à l'appel de leur musique. Un mélange électro et trip-hop – comprenez un mélange de soul, de funk et de jazz – tout droit sorti de l'imaginaire de deux femmes engagées.
J'avais initialement prévu de rédiger cet article à la manière d'une interview tout à fait classique, mais force est de constater que mes notes après mon échange avec Marie et Doo n'ont plus rien d'organisé ! Je vous propose donc de partir à leur rencontre à travers mes mots.
- Culture
Sisterhood project un projet engagé
Chanter son indignation pour réunir
Sisterhood Project est un projet féministe qui n'a pas peur de le crier. Marie est très engagée dans cette lutte dans la vie comme dans la musique. C'est l'envie, peut-être même le besoin, de dénoncer, d'interpeller et de sensibiliser le public à travers des histoires métaphoriques sur les déviances de l'Homme.
Avec Doo, elle compose une musique qui pourrait paraître mélancolique au premier abord, mais la lumière n'est jamais loin, la conclusion n'est jamais défaitiste. La clé ? La sororité, mise à l'honneur avec leur premier album Sisterhood, répertoire de titres dénonçant le patriarcat et ses dérives. Loin de mettre les hommes de côté, leur rôle étant essentiel pour construire un nouvel Eden, un album Brootherhood leur a été dédié. En un mot, la voie proposée est celle de l'amour.
Mais s'il porte un message fort, ce projet est aussi une introspection pour Marie et Doo, un partage d'âme à âme pour créer quelque chose de beau. On retrouve cette envie dans la qualité onirique et cinématographique de leur musique et clip, ou rien n'est laissé au hasard et où leurs univers se rencontrent. Le plaisir de se retrouver pour composer et expérimenter, c'est leurs vacances à elles.
Du féminisme à l'écoféminisme avec Gardien of Delights
Plus électronique que l'opus précédent, le nouvel album "Gardien of Delights" est à la croisée des genres et nous fait voyager sur 8 pistes en anglais et en espagnol, hommage aux origines hispaniques de Marie.
J'ai beaucoup aimé commencer l'album sur une introduction, Alma Cautiva, un chant en espagnol qui vous transporte vers le morceau que je trouve le plus expérimental : Bees, savant mélange d'électronique et de chant. On débouche ensuite sur la balade Lakeside Town, allégorie sur le regard des autres, puis s'ensuit un trap qui martèle la sexualisations des boobs - comprenez des seins, et arrive Garden of Delights.
Le titre Garden of Delights qui donnera son nom à l'album, nous offre un clip avec une photographie exquise. Indigestion d'opulence, le clip dénonce, questionne, déconstruit et soumet une voix, un espoir illustré par la nature, un retour aux sources.
C'est ce retour à l'essentiel, cette envie de reconnexion à la nature, qui inspire cet album et le fait pencher dans l'écoféminisme. Une voie que Marie & Doo souhaitent continuer à expérimenter.
Après Code Name et Moon ô Moon, l'album termine sur un mélange de douceur et de force avec Una Vez, titre mi espagnol, mi anglais, la boucle est bouclée.
Portrait de femmes féministes
Marie de Lerena et Dorothée Rascle dite “Doo”, se rencontrent en 2018 autour d'un projet d'album imaginé par Marie. Elle cherche quelqu'un pour composer avec elle, Doo accepte et finira par intégrer le projet, Sisterhood project est né.
L'inspiration se cache partout, je cite Marie, "le féminisme démarre par une indignation personnelle", on ne risque alors pas d'en manquer de ce coté. Mais ce n'est pas le seul moteur, exemple, Garden of Delights puise son inspiration de l’œuvre "Garden of Earthly Delights" de Jheronimus Bosch et l'introduction Alma Cautiva, d'un poème de Federico Garcia Lorca.
Un article de Denise Mag pour en savoir plus : Denise Mag - Marie de Sisterhood Project, découverte d'une femme féministe et fière de l'être.
Le label Beautiful Accident
Marie chante depuis toujours, Doo excelle à la composition ; pour développer Sisterhood Project elles décident de créer leur propre organisation avec le label Beautiful Accident. Une façon de rester libres face à un univers largement dirigé par des hommes, et (de continuer) à produire de la musique à l'image pour les pubs, le cinéma, les jeux vidéo... Avec l'ambition un jour - qui sait - de produire la musique des autres.
Le Burning Womxn festival à Paris
La Maroquinerie à Paris accueillait le 28 et 29 mai dernier la 1ère édition du Burning Womxn festival, et accueillait Marie (qui faisait partie des organisateurs) & Doo sur scène.
La programmation du festival se veut "éclectique, intersectionnelle et inclusive", elle réunissait principalement des artistes émergeant dans tous les domaines, musique, tatoo et artistes en tout genre.
Si, vous voulez voir Sisterhood Project sur scène retrouvez-les au festival Féminista 3J, le 29 juillet prochain à Châlons-en-Champagne.